2005 • 2010 • Transitions
Mutations d’une école d’art
Nouvelle direction, uniformisation pédagogique européenne, changement de statut juridique…
Je ne développerai pas ces évolutions, ces métamorphoses nécessaires sinon que notre nouvelle directrice prenait possession des lieux avec la volonté de faire table rase du passé. Je me souviens m’être excusé auprès d’elle d’avoir été livré avec les murs ! Nos premiers échanges furent difficiles et pour tenir debout dans cette période, j’ai dû regarder cette école à travers les étudiants dans leurs apprentissages mais aussi voir et enregistrer tout ce qui fait une école d’art de son passé à son avenir.
Journal 2006
7 septembre
La Mongolie ? Parfois je m’interroge sur mon attachement à ce territoire, une habitude qui me désensibiliserait lorsque je l’oublie ?
L’arrivée par le train ne permet pas cette impression immédiate et brutale qu’offre le débarquement en avion. Fatigué du vol de douze heures où l’on a regardé la courte nuit à travers le hublot, on a vu le paysage de la Mongolie sous la lumière du matin. On le regarde comme on regarderait une autre planète. À la sortie de l’aéroport, sur le parking, on est absorbé par le vide, il aurait même une odeur et une sonorité. Sentiment qui devrait disparaître avec l’habitude, mais qui demeure.
Cette année ce fut une longue attente dans la gare ferroviaire de Pekin et un long voyage avant d’approcher le paysage de Mongolie. Ma sensation si peu singulière je l’ai retrouvée sur le quai de la première petite gare mongole où le train s’arrêta après la frontière, nous étions dans le désert de Gobi. Je n’ai pas noté le nom de cette petite ville mais c’est là que j’ai eu envie de tomber à genoux, m’étaler, pleurer, ne faire qu’un avec cette terre.
Sainshand
La ville la plus éloignée d’Ulaanbaatar sur la ligne ferroviaire reliant Moscou à Pékin. Lorsque nous nous promenons à pied au-delà de ses limites, nous pouvons arriver là où des murs préfabriqués sont rangés comme des livres sur une étagère. Tout nous laisse deviner qu’ici il y aurait eu plusieurs bâtiments.
En revenant à Ulaanbaatar, j’apprenais que les Soviétiques y avaient construit des immeubles d’habitation pour leurs militaires, des hangars ou usines ?
Quelques années après 1990 les Mongols ont entrepris de démonter ces immeubles. Ils vendent les murs, la commune de Sainshand en a, elle-même, acheté quelques-uns pour en faire ses trottoirs. Les trous correspondant aux fenêtres ou portes deviennent des petits territoires où sont plantés des arbres et buissons sur ses larges espaces destinés aux piétons.
Silence
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