1967 • 1972 • Le début

Journal 1967

4 mai
Cette après midi avec mon ami Jack, nous sommes allés aux Floralies. C’était vraiment bien.
En rentrant j’ai trouvé un appareil photo dans le bus. Envie de le garder. Ma mère me conseille de ne pas le déclarer, en compensation de tout ce que j’ai perdu ! Mon père me dit que je dois le restituer au commissariat. On s’est aperçu que la pellicule à l’intérieur est d’une marque étrangère. Alors j’espère que le propriétaire rentrera vite dans son pays en nous laissant l’appareil !

En classe de 3e dans un lycée privé d’Orléans, je rêvais d’en sortir pour entrer à l’École régionale des Beaux-Arts, faire des images, seulement. Dans cette période il était encore possible de passer du statut de collégien à celui d’étudiant.
Entre le conservatoire d’Orléans qui offrait des places gratuites aux étudiants, la Maison de la Culture en préfiguration, installée dans la maison de Jeanne d’Arc au centre de la ville, je partageais mon temps entre mon école et ces lieux dans lequel je découvrais et comblais mes vides.
Hélène Cadou présidente et Olivier Katian jeune directeur de la MCO m’aidèrent avec leur confiance et leur affection.

Journal 1969

15 janvier
Je suis allé à un concert pour la première fois. Le trio Stradivarius, un violon, un alto et un violoncelle. C’était merveilleux, je n’ai jamais entendu une chose aussi belle, il n’y a pas de mots. Avant de commencer un morceau, chaque musicien accordait son instrument l’un après l’autre et lorsque l’un avait une note discordante les autres le regardaient comme si une chose dramatique venait de se produire. Alors il tendait ou détendait la corde d’un poil de mouche, insignifiant pour moi et immense pour eux. Lorsque la note était parfaite les sourires revenaient sur chacun des visages. J’aurais aimé savoir jouer d’un instrument de musique.

Journal 1970

12 octobre
J’ai reçu une lettre de Michèle Arnaud dans laquelle elle me dit avoir téléphoné à Monsieur Delfau pour mon stage à l’ORTF.*
Il y a une semaine, avant la rentrée à l’école des Beaux-Arts j’ai pris quelques photos de l’exposition de sculptures à la Maison de la Culture. Olivier Katian les a appréciées il les a affichées pour le vernissage. Alberto Guzman sculpteur et Torres Aguero peintre, l’un est Péruvien et l’autre Argentin.
Dimanche dernier dans un restaurant près des halles j’ai pris quelques portraits des poètes invités. Jean Follain, Eugène Guillevic. Je les ai photographiés au restaurant. C’était formidable, j’étais assis à côté de Jean Follain. Tous me donnaient envie d’être poète, maintenant j’aimerais les lire et comprendre leurs univers.

  • À l’école des Beaux-Arts nous avions des cours de décor de théâtre. Avais-je envie de me heurter à une réalité plutôt qu’aux sujets que notre professeur nous donnait ? Nous étions après 1968 et très naïvement j’avais rédigé une lettre que j’avais expédié à plusieurs réalisateurs ou producteurs d’émission de variété à la télévision. Seule Michèle Arnaud productrice m’avait répondu et m’invitait à assister à l’enregistrement de ses émissions.

17 octobre
Il est tard et je rentre de la bibliothèque, c’était le vernissage de l’exposition consacrée à Jean Cocteau, poète, écrivain, peintre, metteur en scène.
Hier soir j’ai assisté à la répétition générale de La voix humaine, interprétée par Catherine Sellers. La mise en scène est d’Olivier Katian. Jamais je n’ai vu un tel spectacle. Cette après-midi je suis retourné prendre des photographies. Je les ai développées tout de suite pour la presse locale.
Demain je ferai d’autres photographies au restaurant, car Georges Auric, Louis Durey et Germaine Taillefer, du Groupe des six seront là.



1973 • 1976 • Introduction