1990 • 1992 • Vide

Constructions


Silence


La Mongolie

Expédition scientifique À la recherche de Guillaume de Rubrouck* organisée par Pierre Letang et Benoît Gayet.
Onze personnes constituaient l’équipée. Son but, parcourir mille deux cents kilomètres entre l’extrême Ouest de la Mongolie et l’ancienne capitale Karakorum.
Projet réalisé avec le concours de la Région Centre.
L’équipe : Pierre Letang, Benoît Gayet, organisateurs, René Kappler, auteur et traducteur, Patrick Alix, Michèle Marchal, Alain Desjacques, Michel Jan, Roland Michaud, François Jaquesson, Jacques Schaab, Bertrand Langlois et moi-même.

*Moine franciscain envoyé du roi Saint Louis auprès du grand Khan Mongol. Durant la période des croisades au XIIIème siècle.

Journal 1990

Tayshir le 6 septembre
14 h 15 mn, je sommeille dans un fauteuil, Roland est allé s’allonger, sa respiration est celle du dormeur, ses mains sont jointes sur la poitrine, il ressemble à un gisant. René rempli les vides de ses pages. Il sort des feutres de couleur d’une trousse de velours bleu. Je me laisse bercer par les regards qu’il pose sur le dessin que je ne vois pas, il s’applique, s’approche de la page pour y faire des traits colorés et fins. Il s’éloigne pour voir le résultat et le comparer avec un croquis pris sur le vif durant le voyage. À l’extérieur, les arbres maigres bougent sous le vent ainsi que le fil électrique. Le soleil est voilé. Je pourrais ne plus savoir où je suis. Les deux ou trois jours précédents me paraissent si lointain.

Exposition

Château de Chaumont sur Loire, juin 1992


Journal 1991

Juillet

Le train a quelque chose d’étourdissant ce matin. J’ai hésité à ouvrir mon carnet, le voyage serait trop court.
Je pense à ceux que je vais retrouver en m’imaginant le paysage du Nord que je ne connais pas.
La température, ma façon de m’habiller, le matériel photo et le minimum nécessaire dans un sac, pour me changer. Tout cela me remet en mémoire l’odeur de la Mongolie. Le mouton bouilli, le lait de jument fermenté, le cheval. La fatigue identique à d’autres, difficilement vécues là-bas. Certains matins avaient cette même couleur froide du refus. Le moment où j’aimais m’éterniser devant la casserole d’eau sur le feu avant de la voir bouillir. Immobile comme dans mon duvet, mais debout, j’attendais que la vie me prenne. Je percevais chaque mouvement des autres autour de moi sans les voir, sans en être attentif. Ils devaient me bercer et non m’agresser. Une manière d’accepter mon refus.


Silencio


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